Emmanuelle Poinger

Emmanuelle Poinger, de son vrai nom Emmanuelle Gépoint, a échappé de peu à la mort, alors qu’elle n’avait pas deux ans. En effet, elle a été sauvée du naufrage du yacht de ses parents milliardaires, par des singes bonobos qui l’ont recueillie sur les rives de leur île déserte et l’ont élevée comme l’une des leurs. Alors qu’elle coulait une enfance heureuse parmi les grands singes sur cette île paradisiaque, elle fut arrachée à sa famille d’adoption un beau matin par une bande de corsaires indonésiens, qui massacrèrent sauvagement la tribu pour s’emparer d’elle. À bord, elle fut considérée pendant quelques mois comme leur poupée sexuelle avant d’être vendue à une mère maquerelle pour une somme dérisoire. Elle se retrouva enfermée bien avant sa majorité dans un bordel de Sumatra où elle découvrit toutes les subtilités des relations charnelles monnayables. C’est dans ce bouge infâme qu’elle rencontra celui qui allait changer sa vie. Ce vieux professeur français à la retraite l’acheta pour une poignée de figues (en réalité deux tubes de quinine et un appareil photo instantané) et la ramena avec lui à Madagascar où ce dernier s’était installé pour y finir sa vie. Là, elle devint sa compagne, autant dire son esclave sexuelle. Mais comme c’était un homme de lettres, il lui apprit à lire et à écrire et bientôt, elle se mit à dévorer sa bibliothèque d’ancien prof passionné de littérature. C’est en lisant Diderot qu’elle comprit le sens de la vie et décida de fuir cette geôle dorée. Un matin, après avoir dérobé la somme nécessaire pour prendre un avion, elle gagna la capitale en taxi brousse. Le premier avion qui quittait l’île partait pour la France. Elle n’hésita pas une seconde. Alors qu’elle décollait en direction de Roissy Charles de Gaulle, elle se promit que plus personne ne disposerait de son corps sans qu’elle ne l’ait décidé. Le stewart du vol était particulièrement séduisant, aussi, elle mit en pratique ses nouvelles résolutions sur le champ. Après avoir consommé sa nouvelle liberté dans les toilettes de l’avion et joui pour la première fois de sa vie, elle raconta au jeune homme son histoire, et comme il était gentil, il lui proposa de s’installer chez lui, à Paris, le temps qu'elle s’organise. C’est à son domicile, où ce dernier n’était pas souvent, qu’elle découvrit le fonctionnement d’un ordinateur et qu’elle écrivit ses premiers textes. Bien entendu, il n’était question que de sexe puisque toute sa jeune vie n’avait tourné qu’autour de ce thème. Entre deux nouvelles qu’elle rédigeait avec ferveur, elle fréquentait amants et maîtresses avec assiduité pour calmer les ardeurs que ses écrits provoquaient en elle. L’un de ses amants était éditeur. Elle lui fit lire l’une de ses nouvelles et c’est ainsi que son premier ouvrage se retrouva en librairie. Quand la presse s’empara de son histoire, le notaire en charge de la succession de ses parents qui la recherchait depuis des années, la contacta et, sans comprendre vraiment comment, elle devint l’une des femmes les plus riches de France. Elle put ainsi continuer à consacrer sa vie à l’écriture. Elle ouvrit également une fondation pour la protection des bonobos. Aujourd’hui, c’est une dame d’âge mûr qui vit dans le Var, seule, avec ses chats et ses chiens. Ses longs cheveux poivre et sel sont bien souvent sagement tirés en arrière et elle s’habille de façon très austère. Il faut être très observateur pour noter, au fond de son regard très sage, la note de folie qui fait vibrer son corps, la nuit, quand le démon du clavier vient s’emparer d’elle. Personne ne peut imaginer, en la croisant marchant d’un pas décidé sur la plage, qu’Emmanuelle Poinger a eu une vie vraiment hors du commun. Cette biographie n’est pas un peu romancée, elle est totalement fictive. Mais elle est tellement plus exaltante que la vérité !

   
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